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Questionnements et messages à saisir

Dans les moments de doute et de confusion généralisés et équitablement partagés, de méfiance commune, de suspicion et de pléthore de donneurs de leçons et de stratèges autoproclamés, parlant au nom du peuple et parfois au nom du Président de la République, bien qu’il ne cesse de les désavouer à chacune de ses apparitions médiatiques, il est permis de poser les questions les plus invraisemblables, de s’interroger sur ce que signifient encore certains concepts comme la souveraineté nationale ou la décision nationale indépendante et de se demander si l’époque ou l’étape permet aux amis d’interférer dans les affaires intérieures de leurs partenaires, de leur imposer leurs «bons conseils-pressions», voire de composer ou de promettre quoi que ce soit à certaines forces du paysage politique ou civil national.

Ces questionnements et ces interrogations tirent — est-il besoin de le préciser — leur légitimité de la dynamique politique et civile qui a traversé la Tunisie, le week-end dernier, à la faveur de la visite-polémique que viennent d’effectuer dans notre pays deux sénateurs américains venus, à titre personnel et au nom du Congrès américain, pour s’enquérir — comme ledit implicitement l’ambassade à Tunis — de la situation politique nationale auprès du Chef de l’Etat et lui demander (ou lui conseiller) de tenir ses promesses et de préserver le processus démocratique national, ce qui veut dire clairement et sans détour annuler purement et simplement les mesures exceptionnelles décidées au soir du 25 juillet 2021.

Et les Tunisiens, qu’ils soient opposés à l’initiative des deux sénateurs américains ou qu’ils appartiennent à la caste de ceux qui ont accouru à l’ambassade US pour rencontrer les «émissaires de la démocratie interventionniste chère à l’oncle Sam », de naviguer à vue et de proposer aux Tunisiens des approches et des analyses, voire des solutions, à l’instar du fameux communiqué du bureau exécutif d’Ennahdha, qui témoignent encore une fois de la profondeur de la rupture et de l’irrévocable fracture qui séparent désormais le citoyen tunisien, architecte incontestable de la dynamique du 25 juillet 2021, de la classe politique et aussi — ayons le courage de le dire — civile dont les acteurs vivent toujours sous le choc de ce qui s’est passé lors de cette nuit historique et n’arrivent pas encore à en saisir les messages.

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